C’était bien, c’était chouette.

On doit se retrouver à 1345, lui pour grailler. Ou est ce 1400. Je ne sais plus. Je suis paumé. En tout cas, je suis arrivé plus tôt. J’ai laissé un message pour prévenir mon pote. Qu’il ne se presse pas. J’aime regarder Paris sous la pluie.

J’entre au petit bar. L’endroit est rempli. Je me faufile à l’intérieur. Des mecs sont assis sur les tabourets rouges, un autre debout, le coude sur le comptoir, le manteau encore sur le dos, tout en se réchauffant la gorge d’une picrate. Le patron me salue, je lui dis bonjour et demande une table pour deux. Il fait signe du menton. J’attends. Il termine d’essuyer un verre avec sa serpillière et se dirige vers la tablo qui vient de se libérer. Il la débarrasse rapidement et remarque qu’elle tremblote. C’est bancal. Faut dire que la gargote a vu les années passer et c’est franchement un miracle que ce bout de coin existe encore. Un morceau de papier plié en quatre et le problème est réglé. Je m’assoie. Mon pote vient de m’écrire. 2 minutes.

Je regarde autour de moi. Sur l’étagère, je reconnais le sirop sport à côté d’une affiche Orangina et une pub Casanis. Lettrine verte sur fond jaune. Retour en enfance. Deux mecs parlent de tout et de rien. Enfin, je n’en sais rien, je n’entends pas. J’imagine juste. Un autre couple d’amis termine leur dessert. Tarte maison, comme d’hab, faite avec amour. Le gars derrière moi, seul dans son coin, mastique son bout de cure-dents, l’Équipe dans les mains, les lunettes lourdes glissant sur son nez. C’est un régulier.

Arthur entre. On s’embrasse. Alors c’est pas bien ? Si, c’est de la balle. Grave. Il se met en face. Le daron revient, ils se saluent. Comme de vieux potes. Lentilles saucisses ? Allez, on y va. Et moi ça sera un Perrier rondelle. L’assiette et le verre arrivent rapidement. Pas de chichi.

On papote. Dehors, il pleut comme vache qui pisse. On s’en moque. Ici, il fait beau, il fait chaud. Un petit coin de Paris d’avant, caché des touristes et du temps qui coule.